Quels liens entre RSE et visibilité naturelle ?
Le 26 avril 2024
38 minutes
Les participants
Dans ce 47ème numéro du Wamcast, nous nous attaquons à un sujet un peu inhabituel : les liens entre SEO et Responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Pour aborder de ce vaste sujet, Mathieu Doubey, manager de l’équipe SEO de l’Agence WAM, et Bruno Cascales, chef de projet SEO chez WAM.
Qu’est-ce que la RSE ? (0’55)
Associer le SEO et la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : le lien peut ne pas paraître évident de prime abord. Pourtant, de nombreuses entreprises se montrent curieuses ou demandeuses d’informations sur l’impact que peut avoir leurs actions sur la RSE.
Pour clarifier le sujet, la Commission européenne précise :
« Le concept de RSE est l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes. »
En d’autres termes, il s’agit de la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable. Une entreprise qui pratique la RSE va donc chercher à avoir un impact positif sur la société, tout en étant économiquement viable.
Quel est le poids du numérique dans les émissions de carbone ? (2’45)
Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), le numérique représente 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. En comparaison, en France, c’est bien moins que le transport (29%) ou l’alimentation (28%), mais ce n’est pas rien.
Dans ces 3 à 4% que représente le numérique, il faut distinguer plusieurs parties :
- la production (78%) : la fabrication des ordinateurs, des téléphones, des serveurs, etc. ;
- l’usage (21%) : l’utilisation de nos ordinateurs quand on travaille ou pour nos loisirs au quotidien. C’est ici que l’on va pouvoir agir au niveau de l’activité SEO ;
- la distribution (1%) : les transports permettant d’acheminer le matériel, etc.
Pour information, le site Impact CO2 propose un simulateur qui permet d’estimer, au regard de nos usages, notre équivalent CO2 produit.
Toujours selon l’Ademe, chaque Français pèse à l’année quasiment 10 tonnes d’équivalent CO2, en termes d’émissions de gaz à effet de serre (GES). Sur ce total, notre consommation du digital représente 0,16 tonnes, soit (quand même !) 160 kg.
S’il n’existe pas de données sur le SEO à proprement parler, certains chiffres permettent de se rapprocher de la thématique. Par exemple, selon Alex Wissner-Gross, physicien à l’Université de Harvard, une requête sur Google est estimée à 7g de CO2 émis.
Enfin, si les chiffres varient en fonction des sources, le chargement d’une page web représente entre 1 et 10g de CO2 émis. Si cela reste très dépendant du contenu qui se trouve à l’intérieur, on sait néanmoins que, ces dernières années, le poids moyen d’une page web a très fortement augmenté.
Comment le SEO peut agir sur l’aspect environnemental ? (4’53)
On constate bien que le SEO est loin de représenter la majeure partie des usages du numérique. L’idée c’est d’agir à notre échelle sur l’aspect environnemental, en limitant la quantité de données que l’on fait transiter sur le web avec nos usages quotidiens.
La stratégie de visibilité
Et cela commence dès la stratégie de visibilité. Depuis des années, pour être visible, on sait qu’il faut générer des pages – et le contenu qui va avec – pour traiter toute une thématique dans son ensemble. C’est comme cela que l’on fait comprendre à Google que l’on est un acteur pertinent pour un sujet donné.
Dans une logique d’économie d’énergie, il convient d’essayer autant que possible d’adopter une forme de sobriété éditoriale. C’est par exemple le cas du Slow Content : produire moins mais mieux, et exploiter au maximum les contenus réalisés.
Cela implique moins de pages HTML à crawler pour Google, et donc moins de ressources potentielles à déployer pour détecter les contenus d’un site. Les serveurs sont ainsi moins sollicités.
Les relations presse
Indirectement, les relations presse (RP) permettent de générer des mentions de marques, voire des liens. Tout cela rend un domaine plus autoritaire pour une thématique donnée.
S’il est plus autoritaire, il se positionne mieux avec son existant. Cela demande donc moins d’efforts en onsite pour se positionner sur les sujets travaillés
L’intelligence artificielle
Parler de mentions et de RP nous amène rapidement vers l’intelligence artificielle et ses progrès récents. On sait que les différents grands modèles de langage (LLM) sont entraînés avec les contenus disponibles sur Internet. Par exemple, OpenAI s’est très largement servi dans les contenus publiés par les médias pour que GPT devienne plus pertinent.
Un chargement de page induit la création d’un contenu, son stockage, son crawl, son indexation et sa diffusion. Un assistant comme Copilot, ChatGPT ou Gemini, apportant des réponses directement, permettrait de réduire une partie de ces opérations.
Mais c’est aussi là que l’on commence rapidement à manquer d’informations pour tirer de vraies conclusions. Car, même si ChatGPT nous répond directement et nous évite de nous rendre sur un site web, selon Wired, les réponses apportées par l’IA nécessiteraient au moins 4 ou 5 fois plus de calculs par recherche.
On se heurte vite à ce qui est accessible et ce que veulent bien nous communiquer les grandes entreprises du secteur. Il faut toutefois saluer l’effort de transparence de certains, notamment Google et leur site Google Sustainability.
👉 Retrouvez toutes les explications de Mathieu Doubey et Bruno Cascales à partir de la 4ème minute de ce Wamcast.
Comment réduire son empreinte carbone grâce au SEO ? (19’06)
Il existe différents leviers pouvant permettre de réduire son empreinte carbone.
Réduire le poids des ressources d’une page web
Commençons par ce qui pèse le plus dans une page web : les images.
Il convient d’abord de réduire leurs résolutions pour les adapter aux écrans. Concrètement, cela ne sert à rien de charger une image en 4 000 x 3 000 pixels pour l’afficher au format d’une petite vignette.
Après la résolution, il faut s’attaquer à la compression des images. Pour donner un ordre de grandeur, une image ne devrait pas peser plus de 100 Ko.
Également, il est pertinent de ne charger que les images situées au-dessus de la ligne de flottaison, les autres images ne seront chargées que si l’internaute scroll dans la page. C’est ce que l’on appelle le lazy loading.
Mais il n’y a pas que les images que l’on peut compresser, cela concerne aussi le HTML, le Javascript ou le CSS. Sans rentrer dans des détails trop techniques, sachez qu’il existe plusieurs formats de compression comme le GZIP, historiquement le plus utilisé, ou BROTLI, qui permet la meilleure compression.
On peut également minifier ces fichiers. C’est-à-dire, réduire leur taille en supprimant tous les caractères et espaces inutiles, toujours dans le but de réduire leur taille.
En réduisant le poids des pages, vous diminuez l’empreinte carbone de votre site tout en améliorant votre SEO. Rappelons que le temps de chargement des pages est un critère officiel dans l’algorithme de classement de Google.
👉 Retrouvez toutes les explications de nos intervenants sur la réduction du poids des ressources à la 19ème minute de ce Wamcast.
Faire économiser de l’énergie à Google
Sur un site web, il y a souvent beaucoup de pages qui ne sont pas utiles aux internautes : il n’y a donc aucun intérêt à ce que Google les découvre et les indexe.
Pour remédier à cette problématique, il existe 2 moyens d’actions :
- placer une balise noindex sur les pages que l’on estime pas utiles aux internautes dans le cadre de leur parcours de découverte de notre site ;
- indiquer à Google les pages inutiles à explorer via le fichier robots.txt.
Concernant les pages que vous souhaitez rendre visibles, pour rendre cette tâche moins énergivore, vous pouvez lister toutes les URLs utiles grâce aux fichiers sitemap.xml.
L’hébergeur du site
Tous les hébergeurs ne se valent pas. Vous pouvez par exemple faire le choix d’un hébergeur green.
Les data center se montrent gourmands en énergie, et plus précisément en électricité. Un hébergeur peut donc faire le choix de se fournir en électricité verte. Concrètement, cela signifie que l’hébergeur garantit qu’une quantité d’électricité d’origine renouvelable équivalente à la consommation des clients a été injectée sur le réseau.
Évidemment, cela ne doit pas être l’unique critère de choix de votre hébergeur. Par exemple, assurez-vous que les serveurs soient localisés en France afin de ne pas pénaliser le temps de chargement des pages. Et veillez à ce que les spécifications techniques répondent à vos besoins en termes de stockage et de bande passante.
Quel lien entre le SEO et l’aspect sociétal de la RSE ? (27’37)
Le volet sociétal de la RSE reste moins évident à aborder. Toutefois, en 2024, il existe des leviers à travailler. Notamment, la capacité à satisfaire les besoins des internautes.
L’expérience utilisateur
D’un point de vue RSE, l’expérience utilisateur et sa dimension inclusive restent des éléments à développer.
Cela peut passer par l’accessibilité du site aux personnes en situation de handicap, atteintes de déficiences visuelles ou de daltonisme. Par exemple :
- travailler la lisibilité des contenus et le contraste des éléments dans la page ;
- proposer une transcription textuelle ou audio pour chaque média, comme des sous-titres pour une vidéo ;
- concevoir une arborescence et des menus clairs, par exemple, pour permettre une navigation au clavier pour un internaute ne pouvant pas utiliser sa souris.
Intelligence artificielle et génération de contenus
L’arrivée de l’IA induit beaucoup de changements. Cela peut notamment entraîner des conséquences importantes sur le rapport des gens à la recherche d’informations.
Il y a une vraie question éthique derrière l’usage de l’IA dans nos sociétés :
- Dois-je utiliser l’IA pour effectuer mon travail ?
- Est-ce que j’en ai le droit ?
- Quel impact sur d’autres professions ?
- L’IA va-t-elle nous remplacer ?
Par exemple, si demain tous les visuels sont générés avec des outils comme Midjourney, que vont devenir ceux qui ont permis l’entraînement du modèle, comme les graphistes, les photographes, les créateurs ?
Il est important de rappeler qu’il existe deux manières de protéger ses contenus :
- les fichiers robots.txt afin d’indiquer aux bots de ne pas crawler certains contenus ;
- bloquer l’accès aux pages avec une configuration serveur, un code 403.
L’accessibilité au plus grand nombre
Il est possible de faire le lien entre la réduction du poids des pages et l’idée de les rendre accessibles au plus grand nombre, notamment les personnes ayant une connexion limitée :
- les petits forfaits qui n’ont pas accès à la 4G ou 5G ;
- les populations les moins bien équipées en raison de leur zone géographique, les zones blanches ;
- les détenteurs d’appareils anciens.
Naviguer sur des pages allégées, qui vont donc se charger plus facilement, peut faciliter la vie de ces populations.
👉 Retrouvez les explications complètes de nos intervenants à partir de la 27ème minute de ce Wamcast.
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