Recrutement des SEO : pourquoi c’est si compliqué ?
Le 5 mai 2022
70 minutes
Les participants
Pour ce 30e numéro du Wamcast, nous nous penchons sur un sujet sensible : celui des salaires dans le SEO et des difficultés rencontrées dans le processus de recrutement. Pour parler de tout cela : David Eichholtzer, fondateur et dirigeant de l’agence WAM, et Mathieu Doubey, manager du pôle SEO & Data. Un invité nous accompagne : Fabian Ropars, chef de projet monétisation chez HelloWork, qui a participé à une étude sur le salaire des SEO pour le Blog du Modérateur.
Une étude sur les salaires des SEO en France
Fin janvier 2022, le Blog du Modérateur a publié une étude sur le salaire des SEO en France, menée avec l’agence WAM, afin d’en savoir plus sur les aspirations des SEO, et comprendre plus en détail pourquoi ce poste se veut si pénurique, avec de telles difficultés de recrutement.
L’enquête
L’enquête du Blog du Modérateur (BDM) permet de faire parler des données « fraîches » et sûres, et de ne pas s’appuyer sur des chiffres ou données qui viennent d’autres médias ou d’autres sources.
Les enquêtes du BDM sont le reflet de ce que pense son audience et de ce qu’elle est dans sa diversité. Il n’y a donc pas d’incentives ou de lots à gagner, qui pourraient biaiser les résultats. Tous les répondants prennent de leur temps, gratuitement, pour répondre aux enquêtes.
La méthodologie
Dans son intégralité, l’enquête sur les salaires des SEO repose sur 37 questions, dont certaines spécifiques selon que les répondants travaillent en agence, chez l’annonceur ou en freelance. Pour ce qui est des salaires, ce sont des questions fermées avec des grilles de salaires ou des tarifs jour pour les freelances.
La grille pour les salariés chez l’annonceur, en agence généraliste, ou agence spécialisée en SEO va de 20 000 à plus de 55 000 euros bruts annuels, avec des intervalles de 5 000 euros.
Pour les freelances, l’étude se base sur une notion de tarif jour, avec une grille allant de 200 à plus de 1 500 euros, avec des intervalles de 100 euros.
403 répondants* « valides » ont répondu à l’enquête (*les SEO apprécieront le clin d’œil technique), dont 24 % de freelances. On considère les répondants « valides » comme des professionnels en poste, dont les missions principales sont le SEO. Pour capter ces répondants, le questionnaire a été partagé à plusieurs reprises entre le 25 novembre et le 21 décembre 2021, à l’ensemble de la base mail BDM, qui contient 160 000 contacts.
Le questionnaire a également été partagé par mail au cluster marketing / communication / SEO des bases mail HelloWork (dont fait partie le Blog du Modérateur). Cela représentait environ 10 000 personnes.
Grâce au panel de 403 répondants, il est possible d’obtenir des résultats cohérents et exploitables. Pour replacer l’enquête dans son contexte, on trouve sur LinkedIn environ 5 000 spécialistes du SEO. On peut donc considérer qu’un échantillon de 400 répondants est représentatif, même s’il y a toujours des biais. Le fait d’avoir utilisé deux bases pour capter les répondants (BDM et HelloWork) garantit, là aussi, un échantillon de répondants le plus représentatif possible.
Pour obtenir les chiffres les plus justes possibles, les salaires ont été filtrés selon le type de structure dans lequel les SEO travaillent, leur niveau d’expérience, leur sexe, et le fait qu’ils travaillent à Paris ou en Province. Et pour cause : le salaire en tant que tel ne veut pas dire grand-chose, il faut absolument le corréler à d’autres éléments pour que la donnée ait un sens.
Le salaire des SEO, un sujet sensible
Lors de la publication de l’étude du Blog du Modérateur, les réactions ont été nombreuses, notamment sur les réseaux sociaux. Rien de surprenant tant le sujet du salaire apparaît comme sensible. En France, le salaire et l’argent demeurent des sujets tabous. Il est d’ailleurs intéressant de constater que, même dans les offres d’emploi, les recruteurs peinent à accepter de communiquer sur le salaire, alors que ce sera un sujet clé au moment de l’entretien.
Si chacun a facilement un avis sur les salaires, cette opinion n’a d’autre prisme que son salaire personnel. D’où l’intérêt pour WAM et le BDM de poser la question directement aux SEO, afin d’avoir une vue totalement agnostique et transparente sur leurs rémunérations.
Il est important de rappeler qu’il y a, en France, des disparités énormes pour un même poste selon l’entreprise dans laquelle on travaille, son expérience, ou sa situation géographique. Entre une startup qui vient de lever 200 millions et qui est dans une logique de croissance mais pas de rentabilité, et une PME dans une ville moyenne, les salaires n’ont rien à voir, pour un intitulé de poste qui est pourtant le même.
C’est pour cela que le salaire « moyen » est à nuancer. Dans l’enquête, chez les salariés comme les freelances, une petite proportion de professionnels, souvent
très expérimentés, est très bien payée. Ces personnes tirent mécaniquement la moyenne vers le haut… d’où l’intérêt de s’intéresser plutôt à un salaire médian. C’est le niveau qui sépare deux ensembles : les 50 % qui gagnent moins et les 50 % qui gagnent plus. C’est cette donnée qui est utilisée par l’INSEE pour analyser les salaires des Français.
Les salaires des SEO
Pour rentrer un peu dans les chiffres pour le SEO, on a donc un salaire moyen à 35 300 euros, mais une médiane à 33 322 euros. Cela reste purement indicatif. Il faut rentrer dans le détail de la situation géographique, du type d’employeur et du niveau d’expérience pour que ces chiffres aient un sens.
Avec un an ou moins d’expérience, le salaire moyen est de 29 000 euros. Avec 11 ans et plus d’expérience, le salaire moyen est de 45 600 euros. Cela témoigne de disparités fortes et de réalités bien différentes selon les profils. Ces écarts importants sont pourtant une norme dans beaucoup de métiers du web.
👉 Vous pouvez retrouver l’intégralité de l’analyse et les explications de Fabian Ropars et de David Eichholtzer à partir de la 2e minute du Wamcast.
Recrutement des SEO : comment ça se passe chez WAM ?
Le SEO est un domaine qui recrute beaucoup, mais où les candidats expérimentés sont difficiles à trouver. À l’inverse, les profils juniors sont plus simples à trouver.
L’intégration des SEO juniors
Le SEO n’est pas un métier compliqué à découvrir. Pour grossir le trait, quelqu’un de motivé et doté de solides bases en digital et en marketing, et avec une sensibilité littéraire ou technique pourra facilement s’intégrer. Toutes les agences en place en France savent former les profils juniors. Chez WAM, ces profils sont encadrés par des SEO seniors qui les accompagnent au quotidien dans leur montée en compétence.
Ils sont engagés comme assistants chefs de projets SEO et sont formés sur une durée plus ou moins longue. Tout dépend de la vitesse à laquelle chacun progresse. Pour faire une moyenne, un profil qui sort d’école en marketing digital (Master) mettra environ un an à être pleinement opérationnel.
Chez WAM aussi, il faut faire un tour de calendrier pour appréhender tous les aspects d’un accompagnement. En effet, comme nous travaillons le plus souvent pour des grandes entreprises, nos contrats courent pour la plupart sur un minimum d’un an, voire trois et plus lorsque des contrats cadre sont mis en place.
Soft skills et motivation
Comme pour de nombreux métiers, la motivation est essentielle, même hors digital. Plus généralement, d’autres qualités restent importantes : savoir travailler en équipe, se montrer autonome dans la résolution de problème, être un bon communiquant, savoir gérer son temps et son stress. Tous ces points – non exhaustifs – aident à déterminer si un candidat est plus ou moins intéressant, au-delà des compétences métiers.
La difficulté à trouver des profils expérimentés
Pourquoi met-on toujours du temps à trouver des profils expérimentés pour rejoindre l’agence WAM ?
D’abord, parce qu’il y a une pénurie de candidats sur le marché français, et probablement même dans le monde, à en croire des confrères étrangers. La demande des entreprises est donc plus importante que ce que le marché peut fournir comme candidats.
Mais qu’entend-on par expérimenté ? Certaines spécificités essentielles sont mentionnées dans les annonces d’emploi. Parmi elles, l’autonomie à la réalisation d’une étude mots-clés ou d’un audit technique, le nombre d’années d’expérience requises, etc.
Chez WAM, comme dans d’autres agences, il existe une méthodologie particulière. Le pilotage par la data n’est pas juste un argument de présentation commerciale. Souvent c’est la typologie de comptes sur lesquels les candidats ont travaillé qui pêche, car elle ne colle pas avec celle de WAM. Le périmètre de travail SEO n’est pas le même selon que l’on travaille pour des grands groupes ou pour une TPE – sans jugement de valeur, c’est factuel.
La question du salaire
S’il y a de nombreux éléments à prendre en compte au cours d’un recrutement, le focus se porte ici sur le salaire. Prenons l’exemple d’une équipe basée à Lyon. Elle est composée d’assistants (les SEO juniors), qui commencent aux alentours de 1 800 euros nets avant impôts, de profils intermédiaires entre 2 100 et 2 600 euros nets environ selon l’expérience, et les SEO seniors à 2 900 euros nets. L’amplitude de salaire est large, sans compter certaines responsabilités complémentaires pouvant être valorisées.
Aussi, dans le processus de recrutement, il n’est pas pertinent d’annoncer arbitrairement un salaire à X euros. Mieux vaut évaluer si la personne remplit certains critères pour des besoins immédiats et lui proposer le plan à 1 ou 2 ans qui l’amènera à son salaire fixe. L’idée n’est pas d’escroquer les candidats dans le process de recrutement mais d’être cohérent pour maintenir des niveaux de salaire qui conviennent à tous et les faire évoluer. Il est également arrivé à WAM de réévaluer le salaire de plusieurs personnes après le recrutement d’un profil à un plus haut niveau de salaire. L’équilibre au sein de l’équipe est nécessaire : la transparence à ce niveau est nécessaire.
👉 Retrouvez l’intégralité de l’analyse et des explications de Mathieu Doubey et David Eichholtzer sur le process de recrutement chez WAM et les difficultés rencontrées, à partir de la 22e minute de ce Wamcast.
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